Il se dégageait d’elle de la douceur, de l’innocence et de la détresse. Je lui ai demandé comment elle s’appelait, elle me regarda silencieuse en continuant à tendre la main.
J’étais gênée, je ne savais pas quoi faire. Je lui tendis une pièce. J’aurais aimé faire plus et mieux pour elle. Je n’osais pas lui demander où sont ses parents. Je cherchais tout autour, en me disant que peut-être quelqu’un qui surveillait de loin cette enfant. Je ne savais plus si j’avais peur pour moi ou pour cette enfant livrée à elle-même en pleine canicule.
Je suis partie au bout de cinq minutes, mais l’image de cette pauvre enfant ne me quittait pas. Je me disais que je me devais d’avertir la police. Décidée, je téléphone au poste de police pour leur signaler la petite mendiante en pleine canicule. Le policier me répond « Vous croyez que c’est un cas exceptionnel ?». Il semblait s’étonner de mon indignation.
Pourtant, la mendicité est interdite en Tunisie. Notre pays a par ailleurs, signé en 1991 la Convention des Nations Unies de Protection de l’Enfant. En novembre 1995, un Code de la Protection de l’Enfant a été promulgué.
Alors, qui est responsable de cette enfant et de ses semblables ? Qui doit-on incriminer ? Les parents odieux qui utilisent de la sorte leurs enfants ? Les organisations de protection de l’enfance qui semblent ne pas se donner les moyens d’accomplir leur devoir ?
Doit-on nous habituer à ce genre de spectacle désolant et avouer notre impuissance ?
Dorra Harrar
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