Si l’on se positionne en terme religieux, le Ramadan est l’un des cinq piliers de l’Islam, et le nom donné au 9ème mois du calendrier de l’Hégire. Ses dates sont régies en fonction d’observations astronomiques. Durant cette période, il s’agit de s’abstenir de boire et de manger du lever au coucher du soleil. Le but est de se ressourcer sur l’essentiel, la maîtrise de soi, la recherche intérieure spirituelle. Un moment de communion avec Dieu, à travers la prière et la réflexion. Ce serait durant ce mois que l’ange Gabriel serait apparu au prophète Mohammed afin de lui révéler le Saint livre. Le Ramadan est également un mois de compassion envers les pauvres souffrant de famine. Les pratiquants apportant aide et nourriture aux plus nécessiteux. Les dix derniers jours sont considérés comme bénis, en particulier la 27e nuit, appelée « La nuit du destin » car ce serait durant cette même nuit que le Coran serait descendu aux hommes. La fin du mois du Ramadan est marqué par la fête de l’Aïd el-fitr, durant laquelle traditionnellement les Tunisiens se parent de leur plus beaux vêtements et offrent des cadeaux aux enfants.
Au-delà de cette dimension purement cultuelle, il ne faudrait pas aussi oublier que le mois de Ramadan est une fête hautement culturelle qui tend à se détacher dans certaines familles de sa dimension religieuse. Elle est synonyme de copieux dîners partagés en famille ou entre amis proches, de veillée animée, de promenades nocturnes, de feuilletons télévisés fleuve, de pâtisseries trop sucrées et de convivialité. Au-delà des croyances et des appartenances religieuses mêmes, ce mois constitue un temps fort où la population dans son ensemble a le sentiment d’appartenir à la même communauté et de partager les mêmes traditions. Pour Abdelhak, « le Ramadan est un mois de recueillement et de prière ». Pour Adel qui ne jeûne pas, le Ramadan évoque sa grand-mère bretonne installée dans les années 40 en Tunisie et qui allait vivre chez sa grand-mère tunisoise afin de partager ce mois familial. Pour Sélim, le Ramadan est « un temps à part où il peut profiter des siens dans une ambiance qui n’est propre qu’à ce mois ».
Alors que la Tunisie post-révolution semble se découvrir dans la diversité de ses pratiques, il ne faudrait pas perdre de vue que c’est cette même diversité qui fait l’exception tunisienne. Et ce n’est que dans l’acceptation et le respect mutuel que l’avenir ne pourra se construire durablement.
En attendant, que l’on jeûne ou pas ou bien qu’on le fasse par tradition ou par conviction, bien des Tunisiens fêteront l’aïd el Fitr dans l’excès de pâtisserie et dans l’impatience des enfants prêts à partir au manège vêtus de leurs vêtements tout neufs !
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