L’ère du tourisme « halall » tunisien a-t-elle sonné ?

L’aéroport de Munich a ouvert une nouvelle salle de prières. En 2010, 900.000 musulmans ont transité  par cet aéroport. Et les chouchouter en ouvrant plusieurs restaurants adaptés à leurs demandes coulait de source.

Les dépenses des touristes musulmans devraient progresser de 4,8% l’an, contre une moyenne de 3,8% dans le monde d’ici à 2020, selon une étude effectuée dans 47 pays par le voyagiste « halal « singapourien «Crescentrating » et l’américain « DinarStandard », spécialisé dans l’étude du marché musulman.

L’Egypte, la Malaisie et l’Indonésie, premier pays musulman de la planète, restent les destinations favorites des musulmans. Cependant, d’autres destinations regardent de plus en plus près ce marché porteur. » Le segment est trop profitable pour n’intéresser que les pays de l’islam » précise  Fazal Bahardeen, directeur de Crescentrating.

Selon un récent article publié par l’AFP, l’office du tourisme thaïlandais a lancé une campagne de promotion pour favoriser la multiplication des spas islamiques. Cette année, c’est l’aéroport international de Bangkok qui a remporté le titre de plateforme la plus respecteuse des pratiques islamiques, dans un pays non-musulman.

La tendance n’épargne aucune région du globe. Concrètement, ce sont de nombreuses destinations qui mettent en place des stratégies spécifiques à cette clientèle. Leur tourisme se porte tellement bien qu’elles peuvent se permettre de s’attaquer à de nouveaux segments . A titre d’exemple, « Gold Coast », une station balnéaire de la côte australienne, joue sur son hiver austral pour tenter d’attirer les musulmans en lançant sur son site Internet: « Pourquoi ne pas essayer Gold Coast pour un ramadan plus frais cette année? »

Et La Tunisie?

Qu’en est –il  pour la Tunisie ? La question  peut paraitre ne pas être d’actualité. Le plus urgent pour le tourisme tunisien est d’assainir son secteur, d’améliorer services et images, de diversifier ses produits pour multiplier les marchés…Il va de soit pour ka destination qu’il lui  faut créer une vraie image avant de s’aventurer sur des sentiers qu’elle n’est pas en mesure d’assumer ni en termes de qualité, ni en termes de faisabilité avec des handicaps aussi lourds que les liaisons aériennes, l’animation touristique, la diversification d’offres d’hébergements adaptées , le luxe, la diversification des cuisines et restaurants …

La clientèle aisée des pays du Golfe est bien entendu une cible prioritaire. Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis représentent  37% des dépenses effectuées par les touristes musulmans en 2011, bien qu’ils ne forment que 3% de la population musulmane mondiale. Les musulmans de France, de Belgique, d’Allemagne ou du Royaume-Uni représentent 13% des dépenses touristiques des musulmans.L’Iran est un autre marché a fort potentiel. La Turquie y a développé d’importantes parts de marché. Aujourd’hui plus d’un million et demi d’iraniens se rendent à Izmir  ou Istambul.

Ces marchés produits doivent être pris au sérieux, bien loin des décisions hasardeuses et des fanatismes.Un marché dont il faut préparer judicieusement et objectivement la conquête au risque de le brusquer et traumatiser en confondant vitesses et précipitation.

Amel Djait

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