Les islamistes tunisiens reviennent sur à peu près tout ce qui aurait pu rassurer, convaincre ou plaire durant leur campagne électorale: Ne pas toucher au code du statut personnel, être un parti civil avec une référence islamique, vendre un modèle à la Turque… Ils se relayent pour attaquer tous azimuts les acquis de la Tunisie. Partir d’une feuille blanche pour écrire une nouvelle constitution, comme si avant il y’avait le désert, serait un outrage impardonnable à l’histoire de la Tunisie.
Les figures du parti islamiste se relayent pour dire une chose et son contraire. Ils soufflent le chaud et le froid, multiplient les diversions et avancent à pas de géants tant qu’ils ne trouvent pas des vraies résistances. Ils utilisent les ballons d’essai, font porter leur voix par d’autres et repoussent un peu plus les limites de leur défonçage d’un pays qui semble devenir l’ombre de lui-même, mais résiste. On s’acharne sur les femmes, on lynche Bourguiba, on réécrit l’histoire, on œuvre à museler les médias, on épuise le peuple… La «wahhabisation» de la société tunisienne est en marche et elle s’exprime sournoisement par le «niqab» à l’université ou la création d’une association de la promotion de la vertu et la répression du vice dont le tampon du ministère de l’intérieure ne semble pas choquer plus que cela l’ opinion publique tunisienne. Comment régiront les deux lorsque cette association, prémisse d’une milice, commencera à sévir? La menace plane. Enahdha, salafisme ou wahabisme, différentes appellations pour un même objectif, celui de la perte de la souveraineté nationale de notre pays. L’intégration au sein d’une «oumma» ne répond pas aux attentes des jeunes de la révolution ni au peuple en attente de jours meilleurs. C’est la singularité tunisienne qui est menacé. Vu de l’étranger, la Tunisie semble avoir plongé. Pourtant le pays réagit.
Les islamistes au pouvoir deviennent de plus en plus agressifs et arrogants. Hier à la télévision le ministre des Transports a proféré des menaces de façon peu cavalière envers une opposition qui s’oppose et un syndicat qui présente des revendications sociales. On avance la théorie du complot et abuse de la victimisation. Bien qu’ayant réussi à boucler (momentanément?) le dossier des Aéroports Enfidha/Monastir, Abdelkrim Harouni nous sert une sauce qui a tourné. Il prend la posture d’un ministre de l’intérieur et découvre une facette menaçante aidé en cela par un journaliste dont l’émission en quête de sensationnel devient une vitrine de tous les dérapages.
Des déclarations qui encensent et une campagne de dénigrement qui s’accélère sèment la zizanie dans le pays et risquent de faire récolter la colère. On n’insulte pas ses propres médias à l’étranger et on dit encore moins n’importe quoi quand on a un des rôles les plus éminemment politique du Gouvernement de la Troïka. Mais peut être que tombant de leur piédestal, les gagnants de ces élections réalisent que leur triomphe est limité et qu’il serait en train de se fracasser contre plusieurs poches de résistance. On ne peut pas tirer sur tout ce qui bouge, s’exprime et s’oppose. Car à ce train, le jour où le feu sera vraiment dans la bergerie, qui viendra au secours?
Ceux que l’on taxe de « comploteurs, mauvais perdants, nostalgiques de la dictature, malhonnêtes, des traîtres à la solde des puissances étrangères, des voleurs, des magouilleurs et autres malfrats sont donc «les 0.00000000000001% et représentent leur ombre sont aussi des tunisiens avec lesquels il va falloir compter… Les commentaires qui foisonnent sur le net et dans la tête de bien des gens sont plus violents les uns que les autres. Sauf qu’en entre ceux qui n’ont pas voté, ceux dont les voix ont si peu compté et ceux qui se retournent de plus en plus contre cet islam venu d’ailleurs sont bien plus nombreux que ne le pensait Enahdha. C’est à cette dure réalité que fait face aujourd’hui les gagnants et perdent patience.
Quand ce jeu de dénigrement qui ne sert qu’a stigmatiser les tunisiens va-t-il cesser? Petit détail de l’histoire, qui a planifié un coup d’état militaire qui n’a pas réussi? Qui a utilisé la violence pour essayer d’arriver à ses fins? Qui a comploté avec les puissances étrangères et qui s’y réfugie? Qui n’accélère pas le traitement des dossiers qui dérangent? Qui n’a pas demandé l’extradition de Ben Ali?
Amel Djait
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