Indigestion de bouillie culturelle

2h de musique tonitruante ou plutôt devais-je dire de pollution auditive abasourdissante, des acrobates et artistiques qui, certes, avaient le mérite de se produire dans des conditions difficiles (chaleur suffocante, polyvalences des artistes qui faisaient plusieurs numéros dans des disciplines différentes) mais qui inspiraient plus de la compassion que de l’admiration pour leur prouesse circacienne, des conditions de sécurité approximative (un acrobate qui chute de plus de 4m de hauteur au sol, sur le dos)… Bref, une catastrophe. A la sortie du spectacle, adultes comme enfants avaient l’air ravi de la prestation et moi dépitée…

La question que je me pose est la suivante : pourquoi dans le domaine du cirque, comme dans d’autres d’ailleurs, alors qu’il existe de grand artistes mondiaux et tunisiens, que cette discipline est assez grand public, et touche notamment beaucoup les jeunes générations, devons-nous toujours subir des spectacles médiocres ? Je n’ai rien contre ce cirque en particulier d’autant plus qu’il y a deux ans j’ai vécu la même expérience aussi décevante dans un cirque qui avait élu domicile aux Berges du Lac. Ce qui me gêne profondément c’est le système qui consiste à offrir de la bouillie intellectuelle à nos enfants. Le cirque est un art qui a beaucoup évolué et qui a abouti à ce qu’on appelle le nouveau cirque avec des spectacles absolument incroyables de poésie, de performances acrobatiques, de contemporanéité, mêlant différentes disciplines (théâtre, acrobatie, danse…). Je pense aux Cirques Plume, Zingaro, Eloize, au Théâtre du Centaure (entre théâtre et cirque), pour ne citer que les plus grands. Tunis possède une Ecole nationale des Arts du Cirque dont 9 artistes se produisent dans un spectacle créé en 2009 « Sarkha » et qui a été unanimement salué par la critique en Europe. La compagnie Nejma se présente comme du nouveau cirque tunisien donc pourquoi n’a-t-on pas accès à ses spectacles où la danse et le théâtre s’entremêlent? Une question de finances me répondra-t-on ? Je ne pense pas car les artistes internationaux de variétés ou de paillettes que l’on fait venir sur des festivals comme celui de Carthage sont bien plus grassement payés que des artistes circassiens. Un manque de réflexion, de connaissance de ce qui se fait ou de culture de la part des organisateurs ? Certainement…
Si l’on veut construire des citoyens à même de penser leur propre développement via des outils intellectuels, il faut aussi dès le plus jeune âge sensibiliser nos enfants aux arts, à la Culture, aux disciplines artistiques, etc. via des spectacles exigeants et qualitatifs afin d’en faire tout simplement des citoyens du monde.

AM

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