Hormis ce cirque en niqab et qamis, deux chiffres importants sont passés à la trappe. Celui du taux de natalité qui explose en 2011revenant quasiment à celui de 2000.
L’autre est relatif à la violence faite aux femmes. Elles sont selon un récent communiqué du ministère de la Femme prés de 47% à être battues en Tunisie. Autrement dit, près d’une femme Tunisienne sur deux est battue. Le chiffre affole et attriste à la fois. Il laisse perplexe tellement il a suscité peu de réactions ainsi que la facilité avec laquelle il a été lâché par Sihem Badi sur un plateau radiophonique la semaine écoulée.
La situation est la résultante de mentalités qui changent difficilement, de l’échec de presque toutes les politiques, de la précarité qui pèse sur les Tunisiens dont on découvre après le 14 janvier 2011 que 25 % vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Depuis la révolution, les femmes sont encore plus tiraillées et subissent de plein fouet le coup des violences physiques et verbales. Elles subissent une forme de revanche que certains hommes souhaitent reprendre sur elles. Quelle est la femme qui n’a pas eu à entendre depuis quelques mois, « couvre toi », fais « on va rétablir la morale et les bonnes mœurs »… Comme si les femmes étaient responsables du délabrement socio économique que l’on découvre dans le pays.
Premières, avec les artistes, à être attaquées par des radicaux qui prônent leur exclusion, on dit souvent que les révolutions mangent ses enfants. Pour le coup, la révolution tunisienne est en train de dévorer ses femmes!
La révolution tunisienne serait-elle en train de manger ses femmes ?
Minoritaires? Les femmes représentent plus de la moitié du peuple tunisien et 50% de son électorat. Ce qui ne leur empêche pas de subir des violences de toutes parts. Au sein de l’Assemblée Constituante, elles sont 49 élues soit 24% des 217 élus. Une participation bien pâle où la majorité des élues sont bien mièvres à quelques exceptions prêts!
Une majorité de députées font davantage de la figuration qu’une vraie participation aux débats. A moins qu’elles ne deviennent la source d’agression comme ce le fût le cas de Souad Abderrahim. En s’en prenant aux filles mères, la candidate avait désacralisé certains sujets en posant sur la table la révision de la loi sur l’adoption et la possibilité de toucher au Code du statut personnel ( CSP). Souad Abderrahim que l’on nous présentait comme l’une des figures de la première ligne des militants d’Ennahdha avait pour mission de briser l’infranchissable.
Désormais, les frontières de l’infranchissable bougent dangereusement. Une élue du peuple s’en est même prise à une militante venant protester dernièrement contre la montée de la violence contre les artistes et les intellectuels au cours de la semaine écoulée au Palais du Bardo. Celle-ci lui a asséné un «Je suis supérieure à toi: »Ena arqua minek !» Un comble pour une élue du peuple! Un comble quand la violence d’une femme se lâche contre une autre !
Ces élues du peuple à l’Assemblée, ne savent-elles pas que depuis quelques mois, aucune femme n’a fait l’objet d’avancements? Dans toutes les récentes nominations de ce gouvernement, on ne voit aucune compétence féminine émerger. Une coïncidence?
Dans la société civile, les femmes se battent. Avançant à pas feutrés mais déterminées, elles s’appellent Faiza Skandrani, Massir Destin, Emna Mnif, Maya Jeribi, Nejiba Hamrouni, Bochra Belhadj Hmida, Lobna Jeribi, Karima Sioud, Meherzia Laabidi, Selma Baccar,etc. Mais elles sont aussi autant d’anonymes qui se battent tous les jours dans leurs quotidiens. Elles s’appellent Leila, Fatma, Amel, Sonia, Monia…et sont soutenues par leurs amis, frères, maris, enfants. Voilées ou pas, elles font la différence entre les choix et les libertés individuelles et se liguent contre l’avancée de l’obscurantisme, luttent contre les violences, se révoltent contre des petites filles que l’on voile à l’âge de 7ans.
Au vue de la synergie qui marque la vie de la société civile tunisienne, les changements sont amorcés et personne ne parviendra à gâcher les lendemains meilleurs auxquels aspirent les Tunisiens car ils ont compris que la démocratie n’est pas qu’une affaire de droit de vote ou de liberté d’association. Ils savent que c’est la garantie d’une représentation dans toute la diversité de la population et d’une prorection de tous et surtout de toutes!
Amel Djait
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