Quelle marque européenne de shampoing, huile de massage ou produit cosmétique contenant de l’huile d’argan ne vante pas les effets sublimes de son produit ?
En quelques années le Maroc a fait de cette ressource naturelle un véritable produit marketing et a su créer sur le marché international un besoin. Phénomène de mode ou remise au goût du jour de la beauté orientale ? La réalité est là. Au point que dans certaines boutiques de produits bien-être des zones touristiques tunisiennes, on vend à côté des huiles essentielles locales… de l’huile d’Argan. Et pourtant les plantes naturelles tunisiennes à la base de nombreuses recettes traditionnelles de beauté et de bien-être ne manquent pas. Alors pourquoi ne pas en faire un atout commercial et touristique participant au rayonnement du pays ?
C’est en partant de ce constat que la doctorante et chercheuse à l’INRGREF, Faten Mezni travaille depuis 2 ans sur les propriétés et la production de l’huile de lentisque (l’huile de Gaddhoum). Le lentisque, c’est cet arbuste de la région méditerranéenne abondant dans la zone de Nefza-Sejnane plus connu sur les poteries de Sejnane car sa sève est utilisée par les femmes-artisanes de la région pour décorer de motifs leur poterie. Ce que l’on ignore souvent c’est que l’huile de lentisque (extraite des fruits) est aussi exploitée pour ses vertus antibactériennes, antifongiques et antioxydantes. Autrement dit, l’huile de lentisque a des vertus cicatrisantes et anti-vieillissement. Faten travaille donc avec les femmes de Nefza et d’El Gouairia à l’amélioration de la qualité du produit et de ces processus d’extraction ainsi qu’à une meilleure valorisation de la filière.
L’extraction de cette huile est pratiquée depuis longtemps par les femmes des zones forestières suivant une méthode artisanale pénible, transmise de mère en fille. Cette huile joue un rôle économique important pour les habitants de la forêt. Elle est vendue à un prix quatre à cinq fois plus élevé que l’huile d’olive.Faten travaille à l’amélioration du procédé d’extraction et de la qualité du produit ainsi qu’à une meilleure valorisation de la filière.
Toujours dans le cadre du projet de collaboration entre l’INRGREF et le CRDI- Canada, des sessions de formation ont été conduites au profit des femmes de la zone d’El Gouairia (gouvernorat de Jendouba) et de Nefza (gouvernorat de Béja). Le but principal est de familiariser les femmes avec le nouveau procédé d’extraction qui s’avère plus pratique, d’un rendement supérieur et donnant une huile de meilleure qualité par rapport au procédé artisanal.
Améliorer le rendement et la qualité de l’huile de lentisque contribue à l’amélioration des revenus des ménages des zones forestières, et renforce les possibilités de son utilisation dans le domaine cosmétique et pharmaceutique.
Alors à quand un shampoing Loréal à l’huile de Lentisque biologique de Tunisie où une boutique de l’aéroport vendant de la liqueur de Myrte ou d’arbousier aux touristes souhaitant découvrir ou faire découvrir nos produits du terroir ?
AM
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