C’est à la faveur d’un programme de certification d’un hôtel balnéaire à Hammamet que l’idée d’un reportage dans les entrailles d’un hôtel s’impose. Au delà des piscines bleues, des buffets appétissants et de chambres parfaites et climatisées, il y’a du travail, de la machinerie, des contrôles qualité et des investissements colossaux. Balade dans les coulisses de l’hôtel Ménara à Hammamet en compagnie de la propriétaire des lieux, Narjess Buasker, du responsable de la qualité de la structure, Teborski Mohamed, et de Sandra Rochnowski, gérante du label de durabilité Allemand GreenSign. Reportage. Par Amel DJAIT
En fait derrière cette image de pelouse bien tendue, il y’a un travail de tous les instants. L’hôtel Ménara est un hôtel de gestion familiale, ouvert en 1995 et qui se trouve à Hammamet. Il a été récemment certifié Travelife et se prépare à devenir le premier hôtel tunisien certifié du label Allemand GreenSign.
Travelife est un système de certification basé sur le Web qui permet aux fournisseurs d’hébergement de surveiller et d’auto-évaluer leur rendement en matière de durabilité. Sur le site du label on lit: « Lancé en 2007, le label est maintenant reconnu au sein de l’industrie du voyage et du tourisme comme l’un des outils les plus complets et crédibles. Sa réputation fait qu’il est exploité par l’industrie du tourisme dans le réseautage des relations avec les tour-opérateurs, les groupes hôteliers, les destinations et les associations professionnelles. La label évolue comme une des garanties à une tarification équitable. Travelife Ltd est une filiale en propriété exclusive de ABTA, les associations professionnelles du Royaume-Uni. Il est soutenu par les grandes associations professionnelles européennes et tour-opérateurs comme Thomas Cook, Tui et Kuoni ».
Et c’est précisément cette certification Travelife qui rend la tâche de Sandra du label Allemand, GreenSign, beaucoup plus aisée. De fait, avec ses 168 critères, le label Travelife ne peut que faire monter en gamme une structure hôtelière. Et du coup, l’équipe de la certification en cours et au travail part vérifier les cuisines, les machineries, les parties dédiées au personnel et les jardins dans la légèreté.
Du côté cuisine, c’est la marche en avant qui est de mise: « Le froid et le chaud ainsi que le propre et le sale ne doivent jamais se croiser dans une cuisine« . Dans sa première impression, Sandra Rochnowski estime que les nombreux écriteaux apposées ici et là à l’entrée des chambres froides, des stands de volaille et de poisson, de la plonge ou du magasin sont un signe de bonne communication interne et de vulgarisation des messages et consignes indispensables.
Pour Narjess Bouasker, la bonne santé d’un bon hôtel n’est pas seulement l’approvisionnement et la gestion des stocks: » C’est aussi et surtout les déchets. Le label Travelife nous oblige à peser l’achat et les ordures… « . Ce label est vraiment difficile à obtenir, renchérit Mohamed Teborski: » Il nous oblige à ne pas avoir plus de 10l/s de débit à la douche, 5l/s au lavabo et à ne pas dépasser une quantité d’eau précise par m2 pour l’arrosage. » Le retour sur investissement en termes de machineries se fait généralement au terme de 7 ans. L’hôtel Ménara est passé à l’énergie solaire en 2012.
Ce métier Narjess Bouasker l’a appris sur les bancs de la faculté et l’affine avec son père qui a fondé l’hôtel. Ceci dit, elle avoue ne plus savoir où donner de la tête tellement tout évolue vite: les techniques, les labels, la communication, la gestion des ressources humaines,…. »Je n’ai plus le temps de faire ma commercialisation et donc décidé de m’appuyer sur un cabinet de consulting surtout pour yeld management ». La jeune femme affirme qu’il est important de labelliser son hôtel: « Un label, c’est une garantie de qualité, une garantie de notoriété internationale et surtout ca facilite et aide à gagner la confiance des Tours Opérateurs. Le coût d’un label est variable, suivant le nombre de lit. Pour le Ménara, cela nous a coûté dans les 1600€ sans prendre en considération les frais d’accompagnement pour la mise en place du système. C’est un investissement indispensable car entre la confiance des Tours Opérateurs, les économies dans le coût de l’énergie et mettre en place un système qui facilite la gestion quotidienne avec des indicateurs fiables »
Sandra Rochnowski est ravie de ce qu’elle voit.
Elle a été la semaine dernière à Djerba pour inspecter les Jardins de Toumana http://www.toumana.com/. Désormais, son label ne certifie plus seulement les structures hôtelières mais certifie aussi en durabilité même les destinations. Il faut dire que le going green ou l’économie verte dans le tourisme prend de plus en plus de l’importance notamment dans le transport et l’hébergement en passant par les autres maillons de la chaîne des services touristiques.
Les exigences de GreenSign sont conformes aux normes ISO et EMAS. Elles comprennent l’ensemble des critères de la norme ISO et des bonnes pratiques de Responsabilité Sociale de l’Entreprise établies par l’OCDE ce qui inclut les conditions de travail, les droits de l’homme, l’environnement, la biodiversité et les pratiques commerciales équitables.
La particularité de GreenSign est aussi son fort engagement au niveau Marketing. Le label a développé de nombreux outils qu’il met au service de ses 100 hôtels labellisés sur les marchés Allemand, Suisse, Autrichien…
Ce n’est pas parce que la durabilité a le vent en poupe que Narjess Bouasker s’est engagée dans cette voie. Présidente de la Commission Durabilité au sein de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie ( FTH), la jeune femme travaille sur un projet de certification de l’ensemble de la destination de Hammamet. Un projet qu’elle veut amorcer d’abord sur la médina et pour lequel elle implique la société civile, les autorités locales,… Nous y reviendrons!