Chronique: La peur oui mais…

Que se passe-t-il en Tunisie ? Tour d’horizon de journées ordinaires dans un pays qui n’est plus extraordinaire du tout ! Ceci est une chronique que je tiens pour raconter la vie de tous les jours. Tenir un carnet de pessimisme aide-t-il à exorciser cet état de dépression, de lassitude et de laisser aller général ? Peut –être…Tentons l’expérience. Par Amel DJAIT

Aujourd’hui, je voulais aller au marché aux puces d’El Mellassine. Sur la route, je demande mon chemin car l’infrastructure y a beaucoup changé. Je n’ai pas mis les pieds dans le quartier depuis plus d’une dizaine d’années. Une dame avec un magnifique bandeau jaune me conseille de rebrousser chemin en me prévenant que je risquais gros! Sur la route, juste au dessus du pont, un quinquagénaire me conseille de revenir un jour de semaine et d’éviter le dimanche: « Savez vous vraiment ce que vous risquez? Fermez votre vitre et partez vite! « 

Bien que je sois téméraire, j’ai pris peur! Pourtant, je suis très à l’aise dans mon pays. Quand j’exerçais le métier de journaliste, j’ai couvert des sujets très nombreux durant la révolution, au cœur de la révolution. La situation à l’époque était plus risquée. Pourtant , j’ai eu peur ! J’ai rebroussé chemin! Tunis a t-elle peur? Tunis fait-elle peur?

Ce qui a raison de mon pays actuellement n’est pas la haine entre les gens, bien que ces derniers peuvent être méchants, colériques et méprisants les uns aux autres. Ce qui est en train d’emporter la Tunisie, c’est la drogue qui s’est immiscée dans le quotidien des jeunes, désœuvrés ou pas. Pour s’approvisionner, ils volent, agressent et malmènent comme partout dans le monde. Sauf que chez nous, c’est nouveau! En Tunisie, à un moment il valait mieux être pris pour vol que trafic ou consommation de drogues.

L’autre drogue inquiétante et qui pousse aux extrêmes est celle de vouloir quitter le pays coûte que coûte et quelque soit le moyen de gagner l’argent pour payer les frais d’une embarcation de misère. Un ticket gagnant pour la mort! Comme si la misère était plus douce de l’autre côté de la mer. Comme si rassembler le pécule pour « bruler » justifiait l’injustifiable! Entre autres celui de voler, violenter, usurper, agresser,…

La Tunisie serait-t-elle en train de plonger dans un état de violence critique? Il ne fait aucun doute que les faits divers sont de plus en plus nombreux et violents. Quel est le seuil de violence toléré dans une ville ou un pays? Y a t-il une violence minimum? On nous a souvent dit que la Tunisie était un pays de petite délinquance, pas banditisme. Evidemment! Celui-ci est l’apanage de gros requins et se situe à d’autres niveaux.

Aujourd’hui, les quartiers et résidences d’habitations sont de plus en plus fermés. Des entreprises d’agents de sécurité, des système de gardiennage et de ventes d’alarmes et caméras de surveillance se multiplient. Le business de la peur ou plutôt celui de la prévention est florissant. Pourtant, la Tunisie gagne en sécurité. Il n y a plus de terrorisme, plus d’attentats et plus d’agressions politiques qui ont mis à mal le pays pendant près d’une décennie ante 14 janvier.

Aujourd’hui, les voleurs à la sauvette n’arrachent plus les sacs à main. D’ailleurs, souvent ceux-ci sont vides ou presque. Les délinquants s’introduisent dans les maisons des gens, cassent des portes couteaux à la main et mettent le feu dans une maison où un vieillard à la retraite meurt brulé vif comme récemment à Dar Alouch, non loin de Kelibia: https://directinfo.webmanagercenter.com/2024/04/17/incendie-a-dar-allouche-6-arrestations-dans-laffaire-du-meurtre-dun-homme-age/

Que se passe-t-il à Tunis ? Ici, il n’est pas question de statistiques ni de rapports mondiaux sur la sécurité. Juste un sentiment mitigé qui mêle le regain de confiance aux peurs.

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