« Personne n’est venu nous parler ni nous expliquer. Le 23 Octobre, nous ne voterons pas ! Ils ont besoin de nos voix mais ne viennent même pas se présenter. Ennahdha est passé en voiture avec un micro mais les messages sont inaudibles et si nous ne votons pas pour eux pour qui voterons nous ? La télévision n’explique rien et la campagne électorale à la radio n’a pas de sens. Les affiches des partis, il y en a 8 sur 97 qui ont été collées mais qui sont-ils ? Que feront-ils pour nous ? « Voilà ce que dit Fethi Askri, entrepreneur vivant à Hay Echabbeb dans la délégation de Manouba. Autour de lui des dizaines de personnes pensent la même chose.
Il est indéniable que de nombreux partis politiques se déploient ouvrant des bureaux de partout et militant sur le terrain. Un travail dur et de longue haleine qui nécessite des moyens, du temps et surtout des relais qui ont beaucoup de motivation. Seulement, le fossé est énorme entre les élites et certaines parties du peuple qui voient en « ces leaders d’un jour » des opportunistes qui tentent de se partager une part d’un autre gâteau dont ils sont déjà exclus. Le manque de confiance jette du discrédit avant toute action politique. Il faudra du temps, de la sensibilisation, de l’action pour réparer les dégâts et apaiser la situation. Cette première expérience démocratique porte de nombreux risques car en face des énormes attentes des citoyens les partis ont peu de moyens n’ont pas forcément la force ni le courage d’aller affronter les zones lointaines. Des zones fortement hostiles des fois !
Sauf qu’à ce jeu de nombreux partis politiques rajoutent du flou dans la situation. Entre ceux qui promettent monts et merveilles, ceux qui payent pour acheter des voix et ceux qui monnayent les leurs, nous ne sommes pas sortis de l’auberge.
A l’instar des élucubrations du POF de son fondateur et président, M.Bahri Jelassi, qui promet de garantir les attributs d’une vie digne à tous les Tunisiens notamment les plus démunis en promettant « électricité, eau et gaz gratuits, pain à 100 millimes, légumes à 500 millimes, terrain de 400 m² pour chaque famille, 800.000 emplois en deux ans pour les chômeurs… Mais encore 5.000 dinars pour chaque citoyen qui s’apprête à se marier, soit 10.000 DT pour le couple » Quoi de plus beau ? Pour le tourisme, Mr Jelassi veut construire un tunnel sous la mer méditerranée pour relier la Tunisie à l’Italie et ne plus avoir besoin d’avions. Il promet ainsi 50 millions de touristes !
Faut-il en rire ou en pleurer ? Encadrer en mettant une pareille participation dans son contexte dans les medias. Tout ceci est bien beau, mais mesure t-on l’impact de pareils discours sur une population démunie qui attend de l’aide mais aussi que l’on mette un prix à ces voix ?
Si les classes aisées et intellectuelles se rient des propositions du POF, dans les rues tout le monde parle de lui ou de nombreux partis qui lui ressemblent et qui passent leur temps à promettre des solutions miracles Tawa ! La population démunie ne comprend pas les enjeux de la constituante. Ils veulent des solutions aux égouts qui débordent, à leurs enfants au chômage, à leur facture d’électricité qu’ils ne payent plus…
Amel Djait
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