Alors que les indicateurs sont au rouge et que l’équipe en charge de la transition se fait taper sur les doigts, Rached Ghannouchi trouve le moyen d’identifier des dangers encore plus menaçants que le chômage, l’insécurité, la pauvreté, l’injustice sociale ou la banqueroute… Il a trouvé une menace suprême qui pèserait sur la Tunisie : «Nidâa Tounes». La révélation de la journée d’hier est tonitruante. Le parti de BCE serait plus dangereux que les salafistes !
En moins de quelques phrases, «Nidaa tounes» s’est vu l’immense privilège de supplanter ce qu’il convient d’appeler les salafistes en termes de danger. « Nidaa tounes» n’est cependant pas «porteuse d’une nouvelle culture» et ne vient pas « de la planète Mars » ! «Nidaa Tounes» est , selon le chef du parti Ennahdha un concentré de tous les dangers qui menacent la Tunisie.
Alors que selon différents et récents sondages, Ennahdha se porte bien et reste populaire malgré un recul avoué par Ghannouchi lui-même, en face, « Nidaa Tounes » avance fort et grossit. Beaucoup trop vite diront certains. Le parti est -il prêt à gérer le flux? S’organise t-il sur tout le territoire? Saura-t-il gérer les contradictions et les incohérences dans les idées et orientations? Ne commence-t-il pas à montrer des points de fragilité car être anti Ennahdha ne peut en aucun cas être un programme?
D’autre part, l’image du parti repose sur le charisme de BCE qui, bien que rejoint par de nouvelles figures comme Monder Belhadj ou Moncef Marzouk, ne peut être l’unique porteur d’un modèle de société propre à la Tunisie.
Alors que «Nidâa Tounes» tente d’unifier l’opposition centriste, progressiste et moderniste, Rached Ghannouchi essaye de court-circuiter la démarche en ressortant du placard la déclaration dite du 18 Octobre dont un gouvernement ainsi qu’une feuille de route pourraient être issus. En parallèle, la loi excluant les anciens du RCD de la vie politique se met en place. Elle porterait sur plus de 60 000 personnes.
En jouant la carte de la déclaration du 18 Octobre qui porte sur l’égalité des sexes et des genres, l’universalité des droits humains, la liberté totale et entière de conscience, sur les relations entre État et religion, ainsi que sur l’identité, tout le monde ou presque pourra faire son marché !
Cela revient donc à reconnaitre qu’Ennahdha veut un compromis et vise ainsi à assoir autrement sa légitimité à quelques jours de la date fatidique du 23 octobre.
En essayent de justifier l’injustifiable Rached Ghannouchi joue une carte maîtresse de son jeu. Reste à savoir où cela le mènera?
En attendant, il est facile de désigner un coupable, en l’occurrence ici «Niddâa Tounes», quand on sait qu’il n’ira, lui, ni brûler, ni saccager. BCE aurait répondu avec humour : « Oui nous sommes plus dangereux que les salafisetes car nous au moins savons gouverner un pays ».
Rached Ghannouchi replace son curseur… En attendant peut-être que BCE le retournera comme une crêpe !
Amel Djait
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