Urgence, vous avez dit urgence ?

A moins que l’on se réjouisse de la voir se hisser au rang des pays où l’on conseille vivement de ne pas se rendre et dont on évacue les ressortissants comme c’est le cas des Américains qui ont passé le week-end à quitter le pays suite aux consignes de Washington.

En moins de 72 heures, la Tunisie s’est « somalisée ».Un record à inscrire au tableau d’une troïka en pleine débâcle. Devant l’entêtement aveugle de Rached Ghannouchi, le désœuvrement de Moncef Marzouki et la lâcheté de Mustapha Ben Jaffar, avons-nous touché le fond ?

A moins d’un sursaut extraordinaire, le pire pourrait encore arriver surtout à l’approche de la fatidique date du 23 octobre. Ennahdha au pouvoir s’est joué des règles et a phagocyté le processus démocratique. Karima Sioud, députée Ettakatol à la Constituante, déclarait dans un message d’appel au Secours : « Où êtes-vous Monsieur le Président de l’Assemblée constituante, Ennahdha nous a bouffés ! ».

Ennahdha au pouvoir a montré ses limites mais pas celles de sa folie. A la tête de l’exécutif, elle sombre dans l’échec. A force d’entêtements, d’incompétences et de divisions internes qui explosent au grand jour, elle se laisse prendre à son propre jeu. A force de jouer avec le feu, elle s’y est brûlé.

A force de refus et de dénis, de la victimisation et de la culture du complot, elle entraine une grande partie du pays vers le précipice condamnant momentanément son avenir en faisant fuir ses ressources humaines, en ne captant pas les capitaux qui s’envolent, en faisant fuir des investissements vers des cieux plus cléments et surtout où il y a des gouvernances pour qui les priorités sont le développement, la résorption du chômage, le respect des droits de l’Homme,…

Alors qu’il s’agissait de ne pas vampiriser les islamistes, ce sont eux qui se sont évertués à le faire en jouant des nuances autour de leur islam politique. Qui parle d’islamisation alors que des Tunisiens crèvent de faim et de soif ? Qui obstrue le travail des médias ? Qui tente d’enraciner une doctrine dans l’administration et les institutions et se joue des dates de livraison de la Constitution et de celles des prochaines élections ? Qui ne met pas les instances indépendantes en place ? Qui s’évertue à répéter que le gouvernement restera longtemps au pouvoir?

Mais longtemps pourquoi ?
Suffisamment longtemps pour profiter du pouvoir et de ses privilèges ? Nos gouvernants  divisent les Tunisiens et sèment la hargne, la colère et le ressentiment. Un gouvernement révolutionnaire qui s’était engagé à « nettoyer » un système mais qui ne parvient pas à le faire bouger d’un iota. Au terme de mois et de mois d’incompétences, de mauvaise gestion, c’est la gouvernance à trois têtes qui n’a toujours pas compris que dans pareille période de transition, rassembler les compétences et toutes les énergies n’est pas un luxe mais une question de survie.

Le gouvernement souffre d’absence de vision, manque de soutien du côté du corps administratif et d’une grande partie des forces vives du pays. Avant de s’en prendre aux autres, nos dirigeants se sont-ils  demandé concrètement  où ils veulent mener la Tunisie ? Si c’est dans l’impasse, ils y sont parvenus. Si c’est vers l’isolement, c’est en cours. Si c’est vers l’incertitude et les violences, c’est déjà fait !

Le pays effraye et fait peur. Les observateurs avertis et la société civile avaient tiré plusieurs fois la sonnette d’alarme quand à la montée du fanatisme. Qui a entendu ? Certainement pas Rached Ghannouchi qui  comble de l’ironie continue de trouver 1001 alibis et se retourne contre le gouvernement majoritairement composé de ses militants et fidèles !

On nous dit que désormais, les trois présidences s’engagent à faire face à la « violence politique ». Finalement ? Vraiment ? Fallait-il des morts et des dommages aussi  énormes en vies humaines et en réputation de la Tunisie pour comprendre ?

La mission de la gouvernance à trois têtes est de mener à terme un processus de transition démocratique, d’assurer la sécurité et la cohésion de la nation. La Tunisie fait de plus en plus peur et suscite de la pitié pour un peuple qui ne se reconnait pas dans cette violence.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus simplement de condamner les violences, il s’agit de les réprimer avec fermeté.

Amel Djait

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