Des questions légitimes ?
Des questions qui se justifient par les images fortes et négatives de salafistes agressifs incendiant des bars, par les nouvelles de violences et de sit-in dans diverses régions du pays, par la contestation sociale qui grogne, par la rumeur qui enfle et déforme les faits, par les réseaux sociaux qui relayent tout et n’importe quoi, par les témoignages de ceux qui sont venus et partis, par la petite délinquance qui se répand..
Ces questions sont le résultat aussi et surtout d’une communication maladroite qui renvoie une image loin d’être positive du pays. A l’étranger, les participations tunisiennes aux salons du tourisme sont les mêmes, la manière de participer, les produits proposés sont les mêmes… Pourtant un programme ambitieux a été mis au point, du moins a-t-il été annoncé et on voit si peu de changements malgré les initiatives citoyennes qui ne manquent pas! Celles -ci pourraient venir en appui à la stratégie d’une administration rigide autant que lourde et à un gouvernement qui semble n’être obnubilé que par son maintien au pouvoir. Un gouvernement pas très préoccupé par les réformes qui contribueraient à donner du souffle au pays ou, au pire, à inverser la tendance de l’immobilité.
La Tunisie a-t-elle changé ?
Oui et fort heureusement.
La parole est libre, les trottoirs et les rues sont encore plus sales qu’avant et la construction est toujours aussi anarchique, elle est juste devenue plus arrogante. La Tunisie est en phase de transition démocratique et les Tunisiens sont toujours les mêmes. Une grande partie d’entre eux désirent plus en finir avec la transition pour l’établissement que ne rêvent d’une vraie démocratie !
Plus exaspérés par la situation économique préoccupante, les Tunisiens souffrent du recul du tourisme même si certains hôtels soient pleins à craquer. Les touristes sortent moins qu’avant et les chauffeurs de taxis, les vendeurs de souvenirs et les restaurateurs boudent. Le business reprend difficilement et les hôtels recrutent des saisonniers au compte goutte. Pourtant les touristes qui sont là profitent de vacances paisibles, d’une mer et d’un soleil qui n’ont pas changé. Le personnel est tellement heureux de revoir les touristes que cela s’en fait ressentir sur leurs humeurs et sourire encore plus généreux dira une cliente rencontrée au hasard d’un café !
Les Tunisiens font-il la fête ? Toujours autant. On se marie toujours autant même si les cérémonies se tiennent un peu plus tôt dans la journée que tard le soir. Cette semaine, il y a eu une pénurie de bière et la production nationale de ce breuvage a connu une explosion.
Les pastèques ont repris leur place dans les étals, les marchés hebdomadaires sont plein à craquer, les lycéens et élèves ont fini leurs examens et mettent le cap quotidiennement sur les plages, ceux qui vivent sur le littoral bien entendu ! Les Tunisiens des régions défavorisées fondent sous un soleil de plomb et continuent à crier leur colère d’une situation qui a si peu changé. Ils se sont égosillés pour un emploi, pour une pelouse, pour leur terrain de foot ou pour un centre de jeunes digne de ce nom…
A Hammamet, Sousse, Monastir, Mahdia, Raf Raf, Bizerte, Djerba… On prépare l’été. L’été des touristes et celui des Tunisiens qui hésitent encore à quitter leur maison principale pour aller louer un bungalow pour un mois ou deux. L’argent se fait rare et beaucoup ne veulent pas quitter leurs maisons principales par peur des vols. Les agences immobilières ne chôment pas et ce sont les budgets que l’on comprime.
Les beachs clubs sont fraîchement repeints, les fast-food bien achalandés et les plages attendent les estivants. L’été s’annonce chaud… Il fait déjà plus de 35 °.
La vie reprend son cours normal, tout comme l’année dernière et celle d’avant… Les filles en petite robe et celles voilées se promènent, entre elles et avec leurs amoureux, les bateaux pirates sont au large de la mer, les discothèques rouvrent les une après les autres, le programme du festival de Carthage et de Hammamet ont été publiés…
Faut-il venir en Tunisie pour passer les vacances ? Assurément et plus que jamais ! Le tourisme est un pilier de l’économie tunisienne et un garant de son ouverture. Ce n’est qu’en le soutenant qu’on pourra le reconstruire !
La Tunisie a t’elle changé? Oui, elle se reconstruit.
Amel Djait
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