La chaîne nationale est repassé de l’habit mauve à la sauce bleue du parti au pouvoir. Un avis que Oum Ziyed partage. La militante vient de qualifier de «promotion gratuite» certains contenus des émissions de l’ERTT. Elle faisait notamment référence à l’émission animée par la nouvelle directrice de la télévision tunisienne la semaine écoulée par rapport aux larmes de Ali Laaryedh à l’Assemblée Constituante suite aux dérapages du 9 Avril.
Sauf que la nouvelle qui a bien entendu donné le coup de grâce est celle du lancement d’une nouvelle chaîne de télévision conservatrice, Zitouna Tv dont le promoteur n’est que le fils de l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur AliBen Salem. Cette nouvelle télévision viendra très probablement renforcer le clan nahdahoui qui, depuis son arrivée au pouvoir, passe plus de temps à redorer son image et celui de ses figures qu’à veiller sur la révolution médiatique, une des garantes de la phase de transition démocratique tunisienne.
Sommes en train de passer d’une dictature médiatique à une autre? S’avère t-il qu’après des décennies de système fermé, nous n’avons toujours pas le droit d’espérer autre chose. Après les années Zaba, la Tunisie passera-t-elle sous la chape de plomb islamiste et le muselage qui en découlera et ne saurait tarder?
Après avoir fait campagne contre les médias tunisiens et créer une polémique pour privatiser la télévision publique, Ennahdha est-il en train de s’outiller et s’armer avec ses propres organes de presse? Après la multiplication des journaux, comme «El Dhamir» ou «El Fajr» et le maintien difficile de «Zitouna radio», voici donc l’heure des télévisions. «Eddarine» est le premier journal gratuit d’obédience islamique. Publié par des salafistes, sa ligne éditoriale sera le respect de la morale et de la vérité islamique… Tout un programme…
Pour le moment, le seul acquis de la révolution est celui de la liberté d’expression. Combien de temps celle-là durera-t-elle?
Ennahdha commence à sortir ses griffes en affirmant disposer de la légitimité des urnes pour gouverner seule. Alors que la Troika s’est presque complètement désagrégée, où sont les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) qu’on présentait, à un moment, comme de véritables moteurs des révolutions?
Les aspirations démocratiques et le besoin de liberté des Tunisiens vont-ils encore attendre? Un système éducatif basé sur les règles de l’universalité, un accès à la santé et à l’emploi, une liberté d’expression, une presse écrite et audiovisuelle libre et digne, la transparence dans la gouvernance sont-ils trop à espérer ?
Pour le moment, les Tunisiens qui continuent de réagir avec humour font une allergie aux «zitounes» et ses dérivés! Les apparitions de Lotfi Zitoune, le prochain lancement de la «Zitouna Tv», la main basse qui s’est opérée sur la mosquée «Zitouna», la banque islamique Zitouna… leur donnent des urticaires, surtout au prix où se trouve son huile!
Amel Djait
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