Au delà de la honte et de la catastrophe écologique, ces arbres sont vitaux pour des insectes utiles, des champignons, des oiseaux ou des chauves-souris, il s’agit d’ une insulte au patrimoine naturel humain et à la mémoire de tout un peuple. D’ailleurs comment et à ce jour il n’y a pas encore de listing de ces arbres hors du commun en Tunisie ? Pourquoi ne sont –ils pas particulièrement protégés ? N’est –ce pas de la responsabilité du ministère de l’environnement et des collectivités locales de veiller à leurs biens naturels ?
Depuis la révolution, on observe un autre massacre, celui eucalyptus: La Marsa, la Soukra, Bizerte, Nabeul, Mateur, Beja… Nulle part, ces arbres ne parviennent à échapper à une vraie fièvre destructive et massive. Qui y va de son propre avis car l’arbre lui fait de l’ombre ou lui gâche la devanture de son commerce et qui estime que ces arbres centenaires sont trop envahissants.Il ne s’agit plus de taille sévère mais bel et bien d’une énième opération d’abattage.
Sur les routes, on voit des troncs entiers transportés sans savoir vers où. La plupart du temps, ces arbres finissent en «merdouma» tout juste bons à faire du charbon pour les « chichas « ! Les eucalyptus en particulier et toute la flore tunisienne font partie du patrimoine national. Qui s’en soucie ? Ils sont une des richesses de notre pays. Jusqu’ici utilisé pour la pharmacie, la confiserie et le bois, l’eucalyptus est aussi précieux pour la fabrication du «Miel de Tunisie».
Un autre arbre est touché par l’ignorance , l’olivier. On vous le donne en mille, plutôt en milliers d’années : quel est l’âge du plus vieil olivier de Tunisie ? Dans les contrées où on cultive l’arbre et sa mythologie, à «Midoun» (Djerba), par exemple, ou à «Chénini», à «Tataouine», à moins que ce ne soit à «Béni Hassen», dans le gouvernorat de «Monastir», ou encore à «Azmour», en amont de «Kélibia», on vous dira : «3000 ans, voire plus, puisque c’est l’âge du vénérable oléastre qui se trouve à tel ou tel endroit dans le voisinage».
Le plus vieux de ces oliviers se trouvait à la sortie du village en direction du mausolée du saint patron des Maâouines, Sidi Maâouia Echéref. Il aurait été, selon la mythologie locale, planté par les marins phéniciens et aurait donc 3.000 ans d’âge. Cet arbre n’est pas mort de vieillesse, mais sur sentence du conseil municipal, qui a décidé à la fin des années 80 d’aménager à son emplacement un rond-point pour… faciliter la circulation automobile ! Aujourd’hui, ne reste plus que le souvenir et les photos de cet arbre monumental.
Alors, mille ans, deux mille ans, voire trois mille ans ? Ici ou ailleurs ? Peu importe finalement. L’important, c’est l’affection et la vénération que les gens portent à leurs arbres. Ils sont à l’image de l’olivier qui, rattrapé par l’âge, se dédouble pour triompher de la mort : éternels !
Amel Djait
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