Il y a de cela deux mois, la même réunion n’attirait que les militants d’« Ettajdid ». Des militants grisonnants et quelque peu abattus.
L’évolution du parti en Pôle de modernité avec d’autres partis politiques, des indépendants et des associations a-t-il réussi à changer la donne ? Il semble que oui. En attendant le résultat des urnes le 23, il semble avoir réussi à changer la perception du parti. Désormais le PDM regorge de femmes, de jeunes d’intellectuels et d’artistes…Cela sera t-il suffisant ?
Le PDM est le seul à avoir respecté l’alternance et la parité. 50% de listes avec 50% de femmes en tête. C’est un exploit ? Non, nous dit-on du côté du PDM. Un juste reflet de la modernité de notre Pôle. Une grande partie des artistes tunisiens sont au PDM. Des vedettes, des peintres, des artistes comme Fatma Saidane, Sawassen Maalej, Kawther Bardi… Pourquoi ? Les raisons, du moins pour les artistes, sont dans les positions du PDM pour les libertés et contre la censure… Ils se résument 13 points qui sont un hymne pour la modernité dans le total respect de la Tunisianité.
Les objectifs du Pôle pour la Constituante sont entre autres « de promulguer des lois fondamentales garantissant le droit au travail, au logement décent, à l’enseignement public, à la santé ainsi qu’à la protection contre toute forme de violence, d’instaurer une république démocratique, de séparer des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, en plus de la séparation entre la religion et la politique, et de consacrer la souveraineté du peuple à travers ses représentants élus par suffrage universel libre et transparent. »
Le professeur et écrivain Alia Baccar explique son choix en précisant que le PDM est « intègre et sincère avec une démarche constructive, mettant en avant une sérieuse culture politique ». C’est, précise l’Officier des Palmes Académiques, ce que je souhaite léguer à mes enfants : « Une Tunisie jouissant de la richesse de son identité, ne pouvant vivre dans l’enfermement et l’asphyxie, une Tunisie tolérante, fière de son appartenance arabe et musulmane telle que nous l’ont inculquée nos parents, respectueuse envers l’autre et une Tunisie moderne, ouverte aux technologies de son temps, cultivée, protagoniste efficace du XXI° siècle. »
Kamel B. est un militant de la première heure. Sa charge depuis des mois est de motiver les adeptes et de veiller à régénérer la base dans le Cap Bon. « Nous sommes probablement l’un des parties politiques de la place dont la courbe n’a pas connu qu’une progression. Tous les autres ont eu des pics et ont ensuite fait l’objet de remises en cause, de perturbations, de déviations sinon de doutes de la part de leurs propres militants ou sympathisants encore hésitants. Le PDM monte en puissance et nous serons la surprise de ces élections ».
La surprise, tous les partis politiques et les listes indépendantes en lice veulent l’être. Pour le moment, les électeurs dont les voix seront déterminantes restent floutés dans leurs visions. Où va-t-on ? Qui élire ? Qui sont-ils ces partis ? Que vont-il nous apporter ? Que vont-il nous donner ?
C’est précisément ce qui dérange Ahmed Kilani, tête de liste de Nabeul 2 et une grande figure du militantisme tunisien. Fondateur du POCT avec Hamam Hamami, l’homme sur scène enflamme la salle. Orateur, il pose les questions qui font mal et y répond avec franchise. « Aujourd’hui les dangers sont aussi nombreux que les prédateurs. Les voix se vendent et s’achètent. La fourchette de prix démarre à 50 et atteint 400 dt dans certaines régions. Comment ne pas condamner des partis qui jouent avec le feu et qui continuent à transmettre des valeurs contre lesquelles nous nous sommes tous levées ? Halte à la corruption et à l’usurpation ! Comment ne pas commander même les fragiles qui dans la précarité se laissent appréhender par de l’argent sachant que celui-ci finira forcément et que le choix, le vrai se trouve dans celui de la démocratie, de la dignité et de l’avenir du pays ? Le choix, le vrai doit être celui de la Tunisie ! »
Alors que le père de « Bendirman » animait la salle qui lui répondait favorablement et en même temps à Nabeul, lors de la présentation de la liste Nabeul 2 du PDM avec à sa tête Jihane Limmam, c’était Sghaier Ouled Ahmed qui animait une soirée de poésie. Avec des moyens limités mais beaucoup d’engagement, le PDM réussira-il à faire passer ses messages. ? Réussira t-il à assurer son succès dans une région traditionnellement proche de lui et de ses principes ?
Rien n’est moins sure. La concurrence est rude. Entre le Cap-Bon du tourisme et celui nettement plus agricole, entre Hammamet et Korba ou Dar Chaabane, ce sont des réalités différentes qui vont s’affronter. Des réalités qui produisent des convictions souvent contradictoires à celles du Pôle. Entre le Pôle du Modernisme et un Pôle traditionaliste, seul le vote tranchera !
Amel Djait
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