Cacophonie radiophonique et boulimie télévisuelle

Elles s’abattent sur les spectateurs et les auditeurs, en épuisant les patients, saoulant les jeunes, désintéressant les accros et floutant les indécis. Pourtant la télévision est le media le plus adapté à la construction de l’opinion politique.

Le petit écran est un moyen rapide et persuasif pour accéder au vote des électeurs. Et en ce moment, c’est vraiment chaud à la télé et tout le monde y danse.
L’objectif ? Construire une notoriété, marquer les esprits et toucher les spectateurs. La télévision tunisienne malgré ses dérapages a contribué à façonner des politiques dans les quelques mois post révolutionnaires même si les partis y ont participé de façon inégale jouissant d’un temps d’exposition inégale. Elle a aussi imposé aux politiques ses formats et dictats avec notamment des face à face inaudibles, des temps de réponse limitée, de la désinformation, de la manipulation, …

La radio et télévision doivent respecter les choix et les attentes des citoyens et un triangle s’est bel et bien installé entre les hommes politiques, l’opinion publique et les médias qui forment et reflètent les phénomènes de société. Reste qu’il ne faut pas surestimer le rôle des médias. Le vote ne dépend pas que d’eux. Il relève aussi d’autres déterminants, sociaux, économiques,…

Pour cela « Il ne faut pas confondre le média et la réalité qu’il reflète. Pour lutter contre l’effet déformant des médias, le rôle de l’éducation est primordial, en permettant de comprendre les messages en apprenant à regarder la télévision comme à lire le journal ». Et c’est précisément ce que les Tunisiens à la faveur des élections pour la constituante sont en train de faire. Tous sont en train de s’y exercer. Un exercice en temps réel sur fond d’énormes enjeux pour la Tunisie.

3 minutes façonnent-elles un élu ? Eclaireront t- elles les électeurs ? La télévision contribue t- elle dans cette cacophonie et boulimie à enrichir un débat démocratique ? La télévision est le moyen le plus efficace pour éveiller les consciences autant que pour sortir le vote. Il fut un temps où les élections étaient considérées uniquement comme un fait rationnel. Au fil des décennies, il s’est avéré que le fait politique est influencé par l’émotionnel, un vêtement, un physique, un sourire, un ton, une émotion… Cela aussi s’apprendra.

Pour le moment, la course est ouverte. Les militants des partis politiques peuvent s’apposer sur le principe de la borne kilométrique ou chaque auditeur ou spectateur ne se concentrera davantage sur les candidats de sa région ou du parti qu’il pense choisir ou dont il se sent le plus proche. La campagne électorale a le mérite de dévoiler et révéler une nouvelle classe de Tunisiens passionnés par la politique et mobilisés pour construire l’avenir de leur pays.

Amel Djait

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