Entre ceux qui veulent faire une version plus « hallal » du tourisme tunisien et ceux qui parodient ses diverses études, nous ne sommes pas sortis de l’auberge ! Pourtant, il va falloir remettre le secteur en marche et vite.
Si tous les partis politiques veulent faire de chaque cm2 du pays une destination touristique, le Ministre du Tourisme et du Commerce du gouvernement de transition a, dès son arrivée, mis au placard la stratégie 2016, sous prétexte qu’elle n’était pas assez révolutionnaire. L’a-t-il remplacé pour autant ? Ce n’était pas, selon lui, son contrat. Il se devait de remettre la machine en marche. Il estime y avoir réussi là où la majorité des professionnels estiment qu’il a failli. A chacun ses chiffres et ses arguments. Concrètement, les constats d’échecs sont lourds. Assistés, les professionnels du tourisme souffrent. Ils semblent aussi bien peu engagés pour sauver leur propre secteur. Les partis politiques, quant à eux, réalisent la difficulté de la tâche qui les attend. Terrible constat. Où va le tourisme tunisien ?
La stratégie 2016 du tourisme tunisien a été payée un million de dinars par les contribuables. Tous les partis politiques, sans exception, s’en inspirent pour leurs programmes. Ils l’imitent, charcutent, pompent, maquillent et recousent… Tous, y compris la gouvernance actuelle qui y a fait son marché. Est-ce forcément le sésame qui va secourir le secteur ? Pas forcément. Elle a au moins un mérite. Elle est prête et l’on s’accorde sur son pragmatisme et son immédiateté.
A l’heure où le secteur est en grande difficulté et que le pays semble flotter, nous sommes dans l’obligation de nous demander s’il y a un ministre au Tourisme. N’aurait-il pas pu inviter l’ensemble du secteur pour remettre cette étude sur la table, en combler les lacunes, s’il y en a, et mettre en place des mesures d’urgence ? Car s’il fallait refaire l’étude Roland Berger, il faudrait trouver avec qui et avec quels financements. Celle-ci est un condensé, qui a impliqué à l’époque, toutes les forces vives et concernées par le tourisme en Tunisie, public et privé confondus.
Où va-t-on si l’administration continue de reléguer cette stratégie au placard et si les partis qui feront les gouvernements de demain veulent l’imiter sans le reconnaitre ? Faut-il perdre encore du temps pour redessiner de nouveaux horizons? Abasourdi, le secteur plonge dans un attentisme stérile, à moins d’un miracle aux « Assises du tourisme ». Les professionnels ne pouvaient-ils pas inviter les politiques à se mettre autour d’une table pour discuter de l’avenir?
Au final, et à moins d’un mois de la Constituante, serait-il utopique de rassurer une frange de la population en lui démontrant que l’avenir ne fait pas peur ? Ne pouvait-on pas démontrer aux Tunisiens, qui ont si peu confiance, que la nouvelle classe politique est capable de dépasser ses divisions ? Un signe fort aurait été salutaire et utile en cette période de grands doutes surtout que tout le monde semble d’accord sur le fait que le tourisme est vital pour l’économie tunisienne et demeure un des garants de son ouverture. Ne pouvait-on pas aussi envisager d’envoyer au monde qui nous regarde un signe fort de notre possibilité à passer à l’acte ?
Pour le moment, 2011 est fini. Si on laisse les choses en l’état, 2012 l’est presque tout autant. Aujourd’hui, peu d’avions programment la destination, 3 hôtels sur 13 sont ouverts à Tozeur et aucun à Nefta, des dizaines de milliers d’emplois sont perdus. L’Open Sky est relégué aux calanques grecques et la facture s’alourdit de jour en jour. Les tours opérateurs continuent à saigner un secteur à genoux. Aucune réponse sérieuse ne se fait via internet malgré les sommes considérables qui ont été dépensées. Les professionnels et l’administration sont-ils en train de devenir les véritables fossoyeurs de leur propre secteur ?
A la veille de la constituante et dans l’attente des résultats des urnes, nous sommes en droit de se demander si un gouvernement de technocrates peut faire l’affaire ? Surtout pas. Du moins pour le tourisme. Le secteur a eu le temps de constater le désastre que c’est de se retrouver avec un ministre qui n’y connait pas grand-chose au secteur.
Mehdi Haouas coiffe deux ministères et passe son temps à s’occuper d’un troisième, à savoir celui de la culture. Vous l’aurez compris, hormis ses qualités d’orateur et de communicant, l’actuel Ministre du Tourisme et du Commerce aura fait une piètre prestation. Une prestation qui a couté cher au secteur et dont la facture risquerait de s’alourdir s’il venait à rester ou s’il venait à être remplacé par un autre technocrate. Pouvait-on faire mieux ? Peu importe, il s’agit de ne plus prolonger ni l’attentisme ni l’amateurisme.
Aujourd’hui le tourisme a besoin de rassembleurs et de nouveaux bâtisseurs, de concertation et de solidarité. Il doit redevenir une priorité pour tirer tous les autres secteurs qui en dépendent comme le transport, l’artisanat,…Le Tourisme a besoin qu’on y croit à nouveau et tous ensemble pour sortir de l’immobilisme et de l’attentisme .Une fois débarrassé, du moins on l’espère, du clientélisme,
Amel Djait
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