Dans un communiqué publié le 25 novembre 2024, l’Union nationale des femmes tunisiennes (UNFT) https://www.unft.org.tn/ a fermement condamné le nombre élevé de féminicides enregistrés en 2024 en Tunisie et a dénonce la violence faite aux femmes. La situation est jugée « alarmante » par l’organisation même si la Tunisie est loin des statistiques mondiales.
À l’échelle mondiale, près d’une femme sur trois a été victime de violence physique et/ou sexuelle de la part de son partenaire intime, de violence sexuelle d’un autre partenaire, ou des deux, au moins une fois dans sa vie.
Selon les Nations Unis (https://www.un.org/fr/observances/ending-violence-against-women-day) En 2023, au moins 51 100 femmes ont subi une violence de genre qui s’est achevée par leur assassinat, perpétré par leur partenaire ou des membres de leur famille. Cela signifie qu’une femme a été tuée toutes les 10 minutes.
Qu’en est -il en Tunisie?
Dans un rapport publié jeudi 9 mai 2024, les ONG Aswat Nissa et Femme et Citoyenneté au Kef dénoncent le chiffre alarmant de 25 féminicides en 2023. Cette statistique a quadruplé en cinq ans : 6 cas étaient recensés en 2018, selon un rapport du ministère de la Femme et de la Famille.
Ceci dit, peu de datas sont disponibles en Tunisie. Le Ministère de l’intérieur ne partage pas les chiffres d’assassinats en relation avec le genre. Donc, seuls les féminicides qui sont médiatisés retiennent l’attention et ils sont de plus en plus nombreux.
L’UNFT pointe du doigt l’application défaillante de la loi n°58 de 2017 relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes. L’organisation énumère les lacunes structurelles, telles que des procédures judiciaires interminables, la protection juridique incomplète pour les femmes victimes de violences et l’impunité régnante.
Il ne fait aucun doute que sans un plan national global et participatif pour la promotion d’une culture respectueuse de la dignité et des droits des femmes, celles-ci continuent et continueront à être insultés dans leurs quotidiens où qu’elles soient, foyers, universités, rues, villages, villes, transports en commun….
Dans un article paru à TV5 Monde, on lit ce qui suit: « Malgré l’adoption en 2017 d’une loi très ambitieuse destinée à lutter contre les violences faites aux femmes en Tunisie, son « application n’avance pas au rythme souhaité », estime Karima Brini, déplorant notamment un manque de financements publics pour des centres d’hébergement. Pour elle, il y a aussi « énormément d’obstacles culturels » en Tunisie : des stéréotypes véhiculés par les manuels scolaires – « la femme à la cuisine, l’homme devant la télé » – et des mentalités à faire évoluer pour que ces violences ne soient plus « culturellement acceptées ». Source: https://information.tv5monde.com/terriennes/feminicides-au-maghreb-quand-une-vraie-prise-de-conscience-2729258
En Tunisie, l’adoption d’un décret de protection sociale pour les travailleuses agricoles et la création d’un fonds spécial en leur faveur a vu le jour. Ceci dit, l’UNFT estime que cela est insuffisant en l’absence de décrets d’applications et d’un engagement des parties prenantes pour une mise en œuvre efficace et engagée sur le terrain.
Impunités et mentalités
Le communiqué de l’UNFT s’inscrit dans le cadre de la campagne mondiale « 16 jours d’activisme contre la violence à l’égard des femmes ». Cette campagne se déroule chaque année du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, au 10 décembre, Journée internationale des droits de l’Homme. Pour en savoir plus: https://www.unwomen.org/fr/rejoignez-nous/16-jours-d-activisme
Dans un communiqué, l’UNFT exhorte toutes les parties prenantes à redoubler d’efforts pour mettre fin à la violence systémique à l’égard des femmes et garantir leur pleine citoyenneté dans une Tunisie inclusive et respectueuse des droits humains.
16 jours d’activisme contre la violence à l’égard des femmes
La Tunisie a enregistré 23 féminicides en 2022 et 25 féminicides en 2023. L’UNFT a souligné » que la domination masculine, le manque d’éducation et de sensibilisation à des notions telles que l’égalité des sexes et les droits de l’Homme sont parmi les principales causes de la violence à l’égard des femmes, à cela s’ajoutant la pauvreté et le chômage”.