Comme beaucoup de tunisiens et de tunisiennes, j’ai suivi cette année les JCC devant les réseaux sociaux et la télévision, écoutant la radio et lisant les journaux. La polémique qui a porté sur les robes des invités, les cérémonies d’ouverture et de clôture, le déroulement de la manifestation m’ont tellement exaspéré que j’ai pris le temps de faire ma propre évaluation. Par Amel DJAIT
Les JCC sont un succès indiscutable. Les 200 000 spectateurs qui sont et font le festival sont le plus grand et exceptionnel des acquis. Avec cette session, l’événement a enregistré une augmentation de fréquentation des passants de 30% sur la principale avenue du pays avec l’impact que l’on imagine comme impact sur les commerces.
Les projections se sont produites à Tunis dans les salles de cinéma, mais aussi dans les régions, les prisons, les casernes, les universités…Pour savoir plus par exemple, suivons la diffusion du film « Fleur d’Alep » dans la prison des femmes de Saadiya. Regardez le superbe reportage de TV5 Monde :
D’autre part, ces JCC nous ont permis de voir du talent; celui d’une jeunesse qui s’exprime, réfléchit, propose, ose, filme….La session a de fait récompenser le cinéma Tunisien par deux Tanit d’Or des compétitions officielles et compétition première œuvre, en l’occurrence « Zeineb déteste la neige » de Kaouthar Ben Henia et « The last of us » de Alaeddine Slim. Ce dernier film a remporté deux prix à la Mostra de Venise.
Durant cette manifestation, on a vu beaucoup de femmes que je veux et sais voir au delà des dentelles, des jupes fendues et des décolletés affolants. Intelligentes, talentueuses et libres, certaines d’entre elles osent, expriment leurs opinions, choix et visions. Certaines comme ici, l ‘actrice Anissa Daoud regrette que la justice transitionnelle en Tunisie n’a pas eu lieu en post 14 Janvier 2011.
D’autres ont gagné le premier prix comme la talentueuse Kaouther Ben Hania qui nous avait servi son Challat de Tunis, un court-métrage de fiction d’une belle facture. Voit reportage Tv 5 Monde:
J’ai bien entendu regardé la cérémonie de clôture des JCC. Ce que j’y ai vu, c’est de l’amateurisme, beaucoup d’amateurisme et rien que de l’amateurisme! Que cela soit de la responsabilité des organisateurs ( choix des prestataires, moyens, invitations, déroulé, déclarations, ….) n’est même pas discutable! Mais que ces dérapages sont rattrapables car quand et s’il sont anticipés, organisés, prévus, leur nombre et force de nuisance au festival et à ses invités seront énormément réduits.
Dans l’ensemble, politiser ce festival est dangereux et tout le tralalala qui a suivi les relations étranges entre les JCC et les Présidences du gouvernement et de la République sont inutiles et critiques.
Pour revenir aux stars et pseudo-stars qui se plaignent, se faire beau ne suffit pas! Une image se travaille à ce que l’on montre, dit, exprime, dégage, comporte….Comme vous faites appel à un couturier pour vous habiller, songez à faire gérer votre image. Ca vous sera utile et créera des emplois!
Ces dérapages regrettables peuvent-ils entamer la réputation d’un festival intelligent, populaire, militant et celèbre? Porté par un public, hors pair, assurément non! Mais prendre soin du festival et de ses invités est un devoir. Une obligation de mémoire et un engagement pour l’avenir.
Les JCC sont un rendez vous important pour notre pays et un des plus beaux outils dont il dispose pour porter une image positive sur son peuple, sa sécurité, sa créativité, son savoir faire, son art, ….Cet évènement pourrait devenir un rendez vous mondial pour le « branding » de notre destination et pays, un moment important pour signer des contrats, faire du « lobbying », rassurer et convaincre des partenaires, exporter nos marchandises….Le jour où nous y serons, plus aucun faux pas ne sera enregistré par ce festival !
En attendant et pour finir, retenons l’essentiel, à savoir le palmarès et une séléction des bons moments sur ce lien: https://www.facebook.com/JCC.TN/?fref=ts
COMPÉTITION OFFICIELLE LONGS MÉTRAGES
Tanit d’or : Zeineb n’aime pas la neige de Khaouther Ben Henia (Tunisie)
Tanit d’argent : Eshtebek (Clash) de Mohamed Diab (Egypte)
Tanit de bronze : 3000 nuits de Mai Massri (Palestine)
Prix special du jury : The revolution won’t be televised de Rama Tiwa (Sénégal)
Meilleur montage : Ahmed Hafez pour le film Eshtebek (Clash) (Egypte)
Meilleure image : Ahmed Jabr pour le film Eshtebek (Clash) (Egypte)
Meilleure musique : le groupe Chkrrr pour le film Chouf (Tunisie)
Meilleur scénario : Mai Massri pour le film 3000 nuits (Palestine)
Meilleure interprétation féminine : Oulaya Amamra et Deborah Lukumuena pour le film Divines(Maroc)
COMPÉTITION PREMIÈRE OEUVRE
Tanit d’or : The last of us de Alaeddine Slim (Tunisie)
Tanit d’argent : Maintenant ils peuvent venir de Salem Brahimi (Algérie)
Prix spécial du jury : This little father obsession de Salim Mourad (Liban)
Meilleure interprétation féminine : Noufissa Benchida pour le film Un mile dans mes chaussures (Maroc)
Meilleure interprétation masculine : Majd Mastoura pour le film Nhebek Hedi (Tunisie)
COMPÉTITION COURTS MÉTRAGES
Tanit d’or : Marabout de Alasan Sy (Sénégal)
Tanit d’argent : Silence de Chadi Aoun (Liban)
Tanit de bronze : Place for my self de Dusabejambo Marie Clémentine (Rwanda)
CARTHAGE CINE PROMESSE
Tanit d’or : The guilt probability de Michael Labarca (Venezuela)
Prix spécial du jury : La rue de l’espoir de Mohamed Echkouna (Mauritanie)
Mention spéciale : Life’s eye de Wafa Hussein (Egypte)
PRIX DE L’UGTT
Meilleur cadreur dans un film tunisien: Amir Messaadi dans le film The last of us de Alaeddine Slim